Vous trouverez ici les réponses à toutes les questions posées lors de notre quatrième évènement interactif en direct sur le thème «La crise du corona rapproche-t-elle les acteurs de l’économie suisse?».
1. Avec les alternatives proposées, pack apéro, livraisons gratuites, est-ce que vous avez pu amortir la perte de chiffres d’affaires de manière satisfaisante?
En toute transparence nous avons été très inventif et innovant avec mon vigneron, mais clairement pas suffisamment pour compenser la perte de volume. Nous avons encore du stock de la récolte précédente et ce sont des volumes importants qui partent dans le secteur de la gastronomie et évènementiel (HORECA), alors malheureusement non. Mais clairement ce qui était important pour moi c’est de rester en contact avec mes clients. Nous avons eu de la chance de pouvoir compter sur des initiatives cantonales pour les vignerons , notamment avec par exemple la suppression de la taxe l’Office des vins vaudois. Mais la situation est difficile. On fait ce que l’on peut avec ce que l’on a.
2. Avez-vous pu fournir suffisamment de matériel de protection à vos employés?
C’était vraiment une course car tous les fournisseurs étaient en rupture de stock. On a pu en trouver par-ci par-là. Le plus difficile a été de trouver les masques. Pour les produits nous avons eu de la chance de réagir très vite et d’oser faire des stocks assez importants de désinfectants des sols, des mains, etc. Au niveau des combinaisons nous en avions assez, des lunettes aussi. Nous faisons des nettoyages Diogène et nous avions déjà du stock. Au niveau des gants nous avons pu acheter très vite plusieurs milliers de gants. Nous sommes contents car nous avons eu des masques, et nous allons encore en recevoir des milliers donc nous sommes dans la vitesse de croisière. Nous avons aussi commandé beaucoup de distributeurs pour se laver les mains ce qui donne la possibilité d’installer ces appareils chez nos clients pour la reprise afin que les collaborateurs puissent se désinfecter. Nous en avons acheté aussi des centaines. Mais c’est vraiment une course. On voulait acheter un brumisateur pour la désinfection d’un container de chantier. Nous avons fait face aux ruptures de stock dans toute l’Europe. Donc nous sommes sur une liste d’attente et nous utilisons nos vieilles machines.
3. On a l’impression que certains entrepreneurs ne pourraient pas procéder systématiquement mais en sont en mode réactif ad hoc comme en état de choc. Est-ce que cette impression est correcte et avez-vous été complétement pris par surprise par le corona?
Je dirais que l’état de choc c’est effectivement une image assez parlante. Nous avons eu beaucoup de détresse et des larmes et pour nous qui étions au bout du fil c’était avant tout un travail plus de psychologie et nous avons beaucoup écouté. C’est clair que lorsque l’on est entrepreneurs on travaille 7/7, on a tout consacré à notre entreprise et il y a des situations clairement dramatiques. On accompagne un certain nombre d’entrepreneurs qui sont dans un domaine d’activité qui est touché et c’est tout votre travail qui est impacté. C’était difficile, car il y avait ces ordonnances et ces arrêtés donc on ne savait pas si on pouvait ouvrir pas ouvrir, même avec la nouvelle vague le 27 avril, nous avons beaucoup de demandes de salons de coiffure par exemple. Donc évidemment on jongle avec la sécurité de nos collaborateurs qui prime, je rappelle que c’est primordial que les normes de l’OFSP soient suivies à la lettre. Il y aura énormément de contrôles. Les Syndicats avertissent déjà qu’ils vont intensifier ces derniers, ainsi que les différents départements de l’économie et ceci afin de s’assurer de la santé des collaborateurs. Bien évidemment en tant qu’employeur nous devons garantir cette sécurité de nos collaborateurs et de nos clients. Il y donc beaucoup de questions et d’inquiétudes notamment sur : comment vais-je me tenir pour couper les cheveux, j’ai de la peine à trouver les masques en plexi... On est nombreux à attendre la conférence de presse du Conseil fédéral du mercredi 29 avril qui va engendrer divers arrêts cantonaux. Donc beaucoup d’attente et on doit apprendre à vivre au jour le jour. On utilise beaucoup le terme de patience de solidarité.
4. Pour l'outil que vous avez mis en place pour les déclarations RHT, ce dernier est-il disponible en ligne, p.ex. avec un coût à l'utilisation, avec une possibilité pour des clients que vous n'avez pas encore, de s'inscrire?
Il peut aller sur notre site, il clique 3x et il va trouver toute la démarche et c’est entièrement gratuit. Nous avons décidé de la faire gratuitement parce que nous sommes dans une situation compliquée. La mutation nous a pris beaucoup de temps, et nous avons mis une tasksforce en place en quelques jours, mais nous avons senti et avions envie de mettre notre patte en mode responsabilité sociétale au niveau de l’entreprise et nous avions ceci dans les mains et il nous semblait adéquat de rendre service. Cet outil est gratuit. Nous sommes inondés de sollicitations. Cet outil facilite énormément la tâche et ce qui est compliqué c’est que les procédures changent en permanence. A chaque conférence de notre Conseil fédéral on a des adaptations qui se font et nous sommes très affectés avec ses adaptations avec un service à l’Etat qui nous aide et un service du chômage avec lequel nous sommes en relation permanente. Nous avons décidé de faire ce travail et c’est un peu notre cadeau à la douleur parceque nous ne savions pas comment combler la douleur à cette pandémie.
5. Le conseil fédéral doit-il renforcer le marché intérieur ? Tourisme intérieur, commerce intérieur?
Un courrier des organismes lié au tourisme en Suisse a été envoyé à la Présidente de la Confédération, hier ou avant hier. Tous les acteurs du tourisme se sont mis ensemble. Copie de cette lettre a été publiée dans tous les quotidiens romands. Il est clair que la problématique est au cœur des préoccupations de nos conseillers fédéraux. L’impact est énorme. Le Tessin est particulièrement touché car c’est un lieu de résidence secondaire y compris pour les Suisses qui n’ont pas pu clairement y aller à Pâques. Notre Conseil fédéral est tout à fait conscient de l’enjeu économique. Il y a déjà des initiatives qui se mettent en place donc je ne peux que vous recommander d’être solidaires et de réserver d’ores et déjà vos vacances en Suisse. Nous avons des magnifiques régions et cela nous permet de découvrir notre magnifique pays. Comme vous le savez, à chaque conférence de presse de nouvelles mesures sont annoncées et il faut que nous ayons aussi de la patience vis-à-vis de nos gouvernements fédéraux et cantonaux qui travaillent d’arrache-pied, dorment peu et gèrent les urgences au mieux. Mais je pense que les choses se mettront en place. Nous en saurons plus mercredi prochain lors de la prochaine conférence de presse.
6. Concrètement, cette crise va-t-elle vous amener à changer certaine choses dans votre entreprise et quoi?
Dans le cadre de notre entreprise nous avions mis il y a une dizaine d’année, en place une forme de management centrée sur l’humain ou on s’est inspiré de la méthode Maria Montessori et Karl Rogers. Du moment que chaque humain a un cerveau et une conscience et de pouvoir travailler ensemble c’est quelque chose d’intelligent. Je prendrai la métaphore que si une entreprise doit reposer sur 3 personnes ou comme sur un mille pattes, mille pattes, et aujourd’hui dans une crise comme celle-ci quand chacun doit travailler à domicile, les gens ne doivent pas croiser, il faut prendre des initiatives etc, si chacun devient autonome, on obtient des résultats formidables et aujourd’hui je profite de saluer et de remercier mon équipe qui est formidable, qui est autonome qui s’investit et qui travaille. Vous voyez, dans le nettoyage tout le monde à les mêmes produits, on ne peut pas digitaliser la poussière ou la saleté, par contre ce que l’on peut faire, c’est vivre ensemble différemment, cela fait des années que l’on dit cela ne peut pas durer nous allons à la casse eh bien on y est à la casse. Donc aujourd’hui les gens qui sont à domicile réfléchissent de revisiter leur famille, leurs loisirs, etc. On doit se réinventer et je crois que pendant cette période là il y a plein de gens qui se disent « mais quand cela va repartir on va tout oublier ». Il y plein de gens qui vont tout oublier, mais il y a un certain nombre qui ne vont pas oublier, mais il faut se dire voilà on pense à la décroissance, il faut penser à travailler de manière plus respectueuse, mettre de l’écologie. Nous on est Eco2net, donc c’est écologique, mettre de l’humanisme, respecter les humains. Quand on collabore avec ils nous le redonnent mille fois et je crois que ce sont des valeurs que nous avons perdues et j’espère au moins que cette crise permettra une prise de conscience. Je vais faire un petit coup de gueule sur ce thème et on vit dans un monde où l’évasion fiscale est devenue un sport planétaire et aujourd’hui avec les sommes qui doivent être investies par pays pour pouvoir soutenir les pays, j’espère que les politiques vont pouvoir reprendre le dessus pour pouvoir ne plus laisser faire ces évasions fiscales qui représentent des milliards par année pour pouvoir réinvestir dans le bien de chacun et éviter cette course effrénée en avant.
7. En tant que PME du secteur du bois en Suisse orientale, je me sens plus proche de l'Allemagne ou de l'Autriche. Le saut vers la Suisse romande est beaucoup trop risqué pour moi. Mon pronostic : la Suisse se sépare plutôt qu'elle ne se rassemble.
C’est une thématique qui évidemment nous nous tient à cœur au RCE la transmission d'entreprise ainsi que le développement de PME en Suisse. En l'occurrence on a beaucoup d'entreprises dans le secteur du bois qui effectivement ne passent pas le Röstigraben puisque la barrière de la langue est vraiment une barrière pour de nombreux entrepreneurs dans les 2 sens. Ce que moi j'ai constaté aussi par le passé en accompagnant beaucoup d'entreprises dans la transmission d'entreprise c'est qu'en fait il y a beaucoup d'entrepreneurs romands dans le domaine du bois, notamment menuiserie qui cherchent à vendre ou qui cherchent à s'implanter en Suisse allemande et que c'est beaucoup plus facile si on est accompagné par un entrepreneur bilingue. Si la barrière de la langue tombe, il est plus facile de développer son marché en restant en Suisse. De nombreux entrepreneurs romands ont cherché par exemple à vendre leur entreprise plutôt à une entreprise suisse allemande que - je m'excuse - à des entrepreneurs ou groupe français. Et des entrepreneurs alémaniques étaient tout contents de pouvoir mettre un pied en Suisse romande tout en s’associant ou en rachetant une entreprise romande - ça vous permet aussi de développer du business ou des appels d'offres sur Berne comme ça en évitant les trajets. Donc j'espère que cette crise aura aussi cela de bon et que les Suisses vont avoir leur sens du patriotisme qui va se développer et que vraiment on pense à nos amis Romands et alémaniques.
8. Avez-vous aussi eu des collaborateurs qui n'ont pas du tout compris les mesures? Le canton de Vaud n'a-t-il pas un peu «dramatisé» avec le lockdown?
Les gens ont bien compris quand même qu'il y avait une situation qui était comme celle-ci et ils sont contents déjà de conserver leur travail. Ceux qui sont au chômage partiel ont quand même leur emploi garanti. La situation fait que les personnes sont solidaires. Il y a quand même un côté assez intéressant dans une situation comme celle-ci où il y a une solidarité et de l’humanité qui se dégagent de tout ça, quand on voit aussi les remerciements qu’il y a aux fenêtres le soir à 21h ça veut dire que quand même qu’il y a du cœur et de la solidarité.
9. Veuillez-vous également parler de l'industrie des machines. Certaines grandes entreprises comme Bobst, Tornos, Swatch, ...ont simplement arrêté la production et l'assemblage - un désastre pour les petits fournisseurs. Comment le RCE peut-il m'aider?
Alors effectivement des belles PME romandes qui ont déjà traversé parfois certaines turbulences donc effectivement elles aussi touchées évidemment en plein fouet par à cette crise du covid et donc effectivement on a un partenariat notamment avec Swissmen au niveau national. On essaie de les accompagner mais nous n’avons pas évidemment les solutions miracle mais je pense que qu’il y a des alternatives. On est beaucoup contacté par des entreprises d’horlogerie évidemment c'est quand même un des fleurons de notre pays et tous les salons a été arrêté. C’est clair qu'on a tendance à oublier l'effet cascade dont je parlais avant et que derrière ces grands groupes à défendre, ont se dit ils ont l'air un peu plus solides en termes de liquidité pour faire face à un ou 2 mois un petit peu plus difficiles, mais ce qu'on a tendance à oublier c'est que derrière ces fleurons de notre industrie il y a des petites PME, et d’ indépendants qui travaillent pour ces gens-là, donc là effectivement un gros impact et on espère qu'avec les mesures aussi financières qui ont été mises en place elles arriveront à faire face du mieux possible. Nous sommes donc là pour les recevoir, on organise beaucoup aussi des webinaires. Nous nous sommes aussi réinventés au sein du RCE et notre équipe que je remercie par ailleurs, parc qu’ils sont très sollicités ces temps et qu’ils sont au front et gère ceci très très bien. Donc je rappelle on est là pour aider les entrepreneurs.
10. Pourriez-vous nous en dire plus sur la fenêtre sur la Suisse alémanique? De quoi s'agit-il exactement?
La barrière de la langue. Je donne un exemple avec deux entrepreneures aussi Expertes au RCE, l’entreprise Mood qui est présente dans le monde entier et a ouvert des magasins un peu partout. Elles sont dans l’univers des bagues et elles nous ont dit que c’était plus compliqué d’ouvrir un magasin à ZH que dans certains pays très lointains outre Atlantique. On a toujours cette barrière, nous patrons de PME, on manque de réseau clairement y compris avec les organismes patronaux, ce réseau de patrons que nous avons pu construire au sein du RUZ est énorme et de pouvoir accompagner des entrepreneurs pour développer un partenariat ou du business en Suisse allemande et la même chose pour les alémaniques qui viennent en Suisse romande en étant nous aussi patron de PME, donc on parle le même langage ça c'est vraiment je le pense une force du RCE.
11. Corona a bouleversé toute l'économie. Selon vous, quelle partie de ce document restera définitivement différente? D'après vous, quelles en sont les véritables opportunités pour vos entreprises?
C’est un chantier en permanence cette transformation digitale et il est clair que ce passage plus ou moins long, on l’espère court, va de toutes façons transformer les entreprises. Le passage ne serait-ce que d'avoir la possibilité de travailler là où il faut, donc là il y aura des changements qui seront colossaux. Je pense que le peut-être le plus grand regard qu'on doit avoir sur l'aspect post corona, que l’on espère vraiment tôt, c’est de se reposer des questions vis-à-vis de notre impact aussi sur l'aspect de la nature. On n'écoute pas la nature et ça fait très longtemps qu'on fait exactement la même chose sans se poser vraiment des questions de où est le pilote dans ce grand avion et là je pense que on devra se poser quelques questions sur les mécanismes, sur la façon dont on consomme, sur la façon dont on produit et j'espère très fondamentalement qu’il ne faudra pas une trop grande douleur et une trop grande latence pour qu'on n'oublie pas de se reposer quelques questions fondamentales.
12. La réponse à des crises comme celle-ci ne peut pas être que l'État donne toujours de l'argent! C'est l'argent des impôts! On a besoin d'autres solutions.
Ce n’est par forcément l’argent du contribuable, selon les cantons, les mesures qui ont été mises en place sont aussi des réserves qui ont été faites par le canton et en même temps ce n’est pas, comme on a pu l’entendre au travers de la presse dans une tournure un peu maladroite, un oreiller de paresse, j’entends il en va de l’emploi des Suisses. Je rappelle qu’aujourd’hui 30% des gens actifs sont au chômage partiel donc ces gens, oui, il faut sortir des salaires, il y a des patrons qui mettent de leur poche, compensent le 20% des RHT. Si on n’injecte pas l’argent pour sauver l’économie et des emplois, je pense que toute la Suisse ira au-delà de grandes difficultés. Je crois qu’il faut plutôt être fier et heureux de la situation dans laquelle on est de pouvoir avoir une certaine réserve et de pouvoir faire face et je trouve important que l’on reçoive un soutien que nous avons partiellement financé.